Le nouveau visage de la halle de la Madeleine

Publié en février 2022

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Ce bâtiment emblématique du patrimoine nantais a rouvert ses portes à l’automne 2019, trois ans après l’incendie qui l’avait entièrement détruit. Récit de sa reconstruction, en images, avec les architectes urbanistes Solen Jaouen et Pierrick Beillevaire de l’agence In Situ AC&V.

Nichée dans l’impasse Juton, au cœur du quartier des Olivettes, la halle de la Madeleine semble avoir eu 1000 vies. Construit en 1910, le bâtiment fut d’abord utilisé comme garage à omnibus avant de servir de lieu de stockage pour Royal de Luxe et le grenier du siècle. En 2010, c’est la métamorphose. Réhabilitée, la halle devient un écrin pour des entreprises innovantes – la Cantine numérique, Windreport, Mutexil – et des bureaux d’études tout en offrant un passage intérieur aux Nantais qui l’empruntent quotidiennement pour relier la chaussée de la Madeleine à la rue des Olivettes. L’architecture contemporaine côtoie le bâti historique, charpente et murs de pierre sont conservés.

À la manœuvre : Solen Jaouen et Pierrick Beillevaire de l’agence In Situ AC&V, voisine des lieux. En novembre 2016, le duo doit une nouvelle fois réinventer la halle, entièrement détruite par un incendie. « 240 personnes avaient perdu leur lieu de travail. Nous nous sommes engagés à ce que tout soit reconstruit en trois ans, personne n’y croyait mais tout le monde avait intérêt à avancer rapidement », se souvient Pierrick Beillevaire. « Il y avait un enthousiasme général pour la première halle, baroque et patrimoniale. On ne voulait pas faire un pastiche, souligne Solen Jaouen. Il fallait garder l’émerveillement, cette entrée en conversation que produit l’architecture, sans avoir de réponses faciles. »

Recréer l’étonnement
En novembre 2019, le défi est relevé. Après 16 mois de travaux, la halle de la Madeleine renaît de ses cendres. Les deux architectes, « joueurs », ont travaillé sur la notion d’étonnement – thaumazein en grec – en puisant leur inspiration dans les civilisations antiques. Les fermes de charpente en béton fibré évoquent ainsi le colosse de Rhodes. « Ce n’est pas une transcription littérale, plutôt un clin d’œil. » Les huit propriétaires des lieux ont été invités à choisir des citations retranscrites dans des alphabets anciens sur les moucharabiehs en acier oxydé qui surplombent la rue intérieure. La devise de la déesse Maât, « Agir pour celui qui agit », est traduite en hiéroglyphes. « Nous avons travaillé sur l’égyptien, l’araméen, le phénicien mais aussi le rune, un alphabet scandinave plus récent, précise Solen Jaouen. Ces inscriptions sont déchiffrables grâce à trois grands abécédaires. C’est un jeu pour les enfants qui essaient de faire des liens entre les signes ! »

L’émerveillement toujours au rendez-vous
Une quinzaine d’entreprises ont emménagé dans cette nouvelle halle qui partage avec l’ancien bâtiment « une lumière zénithale » et un patchwork de couleurs, marque de fabrique d’In Situ. L’émerveillement est toujours au rendez-vous. « Les gens réagissent comme pour la première halle, ce qui nous fait évidemment plaisir », s’enthousiasme Pierrick Beillevaire. « Mais l’effet n’est pas le même, note Solen Jaouen. Il y a une dimension spirituelle, beaucoup nous disent que le bâtiment leur rappelle une chapelle des années 70. C’est sans doute lié à la géométrie du lieu. » Un jeu de découverte qui invite à la conversation. « On dit que notre architecture est bavarde mais il n’y a rien de pire qu’une architecture qui laisse amorphe ! »

Publié le 25 janvier 2021 sur le site de Nantes Métropole

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