Transfert est une ville dans laquelle on peut s’embrasser

Publié en août 2018

Entretien avec Pierrick Beillevaire [extrait]
Propos recueillis par Pierre-François Caillaud
Photo : Juliette-Nolwenn Thomas

De l’art d’être architecte, ou l’architecte artiste ? In Situ a coordonné les travaux de Transfert et s’est fait un malin plaisir à ne pas répondre à la question !

Comment êtes-vous arrivés sur le projet Transfert ?

Notre agence ne fabrique que des choses atypiques et nous connaissions évidemment Pick Up Production. Pour créer un lieu d’exception comme celui-ci sur la durée, on est dans une obligation de « mise en œuvre », de concrétisation. Et pour cela, il faut passer par des experts comme nous.

Aviez-vous l’habitude de travailler avec des artistes ?

On intègre des artistes dans nos constructions depuis maintenant 10 ans. Mais cette fois-ci, on l’a fait à l’envers : nous avons mis notre conception au service des artistes. L’objectif était de leur laisser leur liberté et de confirmer leur inspiration tout en ajustant leur travail aux contraintes techniques et réglementaires. Tout ça sans dénaturer leur art ! C’est un travail sur lequel on a plutôt mis des jeunes concepteurs de l’agence. Si nous avions fait appel aux seniors comme moi, nous aurions eu tendance à donner des conseils. Or, les conseils ne sont jamais suivis, et tant mieux !

Comment Transfert « déstérilise » la ville ?

C’est un projet temporaire, mais j’espère que cet éphémère va dépasser la ville, qu’il deviendra impossible pour le nouveau projet foncier du quartier de déloger Transfert. Transfert ne coûte que le prix de cinq ronds-points, c’est un geste extrêmement puissant d’invention collégiale, de culture et de fête. C’est une ville dans laquelle on peut s’embrasser, c’est essentiel. C’est d’ailleurs le seul acte public urbain qui vaut le coup !

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